• Arrivée des brigades russes en France Guerre 1914

     

     

    Grande Guerre : il y a 100 ans,

    l'arrivée des brigades russes en France


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    Le 20 avril 1916, les premiers soldats du corps expéditionnaire russe débarquaient à Marseille. Pendant la Première Guerre mondiale, quatre brigades sont venues prêter main forte à l'armée française. Une histoire qui s'est révélée très mouvementée.

    La ville de Marseille est en liesse en ce jeudi 20 avril 1916. Deux navires, le Latouche-Tréville et l’Himalaya, viennent d’arriver au port. À leur bord, plusieurs milliers de soldats russes. "Toutes les maisons sont pavoisées aux couleurs alliées. À toutes les fenêtres, on agite des drapeaux, on jette des fleurs ; et ce sont sur tout le parcours, des ovations délirantes. Les cris répétés de : 'Vive la Russie ! Vive l’armée !' s’élèvent sans cesse. À l’immense clameur répondent les 'hourras' vibrants des fantassins russes", s’enthousiasme le journal Le Matin dans son édition du lendemain.

    Le quotidien Le Temps rapporte, pour sa part, le message du général Joffre, commandant en chef des armées françaises, au sujet de ce débarquement : "Notre fidèle alliée la Russie, dont les armées combattent déjà si vaillamment contre l’Allemagne, l’Autriche et la Turquie, a voulu donner à la France un gage nouveau de son amitié, une preuve plus éclatante encore de son dévouement à la cause commune. Des soldats russes, choisis parmi les plus braves et commandés par les officiers les plus réputés, viennent combattre dans nos rangs".

    Des renforts humains

    Ces "frères d’armes" font partie du premier contingent du corps expéditionnaire russe. À la faveur d'un accord conclu entre la France et la Russie, près de deux ans après le début de la Première Guerre mondiale, les Français s’engagent à fournir à l’empire du tsar du matériel militaire contre des renforts humains. "Depuis 1914, ils subissent des pertes gigantesques. L’armée commence à connaître une crise des effectifs. Lors de la conférence de Chantilly en décembre 1915, les Français évoquent donc avec les Russes l’idée d’envoyer des soldats", explique l’historien Frédéric Guelton, ancien chef du département de l'armée de terre du service historique de la Défense. "L’état-major russe y était assez opposé au départ, mais c’est finalement Nicolas II qui a pris la décision", poursuit-il.

    En tout, quatre brigades d’infanterie, environ 40 000 hommes, s'engagent aux côtés des Français. Deux d’entre elles combattent sur le front d’Orient à Salonique, les deux autres montent en ligne sur le sol de France. Après avoir été équipés et formés dans le camp militaire de Mailly en Champagne, les soldats vivent leur baptême du feu à l’été 1916 dans le secteur d’Aubérive près de Reims : "Ils ont d’abord participé à des petits combats pour s’aguerrir à la façon de faire la guerre à la française. En France, le front pour 10 000 hommes, cela pouvait représenter quelques mètres, alors qu’en Russie, cela équivalait à 10 kilomètres. En terme d’espace, c’était très différent pour eux", détaille Frédéric Guelton, qui depuis plusieurs années étudie l’histoire de ces brigades.

     

     

    Des soldats pris dans la tempête de la révolution

    Mais en 1917, l’histoire est en marche à des milliers de kilomètres de là. La révolution éclate et le tsar Nicolas II abdique le 15 mars. En France, en faisant de l’agitation politique dans les rangs des brigades, des révolutionnaires russes tentent de les convaincre de les rejoindre et d’abandonner la guerre. En quelques semaines, l’état-major français, qui connaît lui aussi des mutineries dans les tranchées aprèsl'échec de l'offensive du Chemin des Dames, commence à devenir méfiant vis-à-vis de ces "frères d’armes".

    Pour contenir tout débordement, les soldats russes sont ainsi envoyés au camp de la Courtine dans la Creuse en juillet de la même année. À l’intérieur, une crise éclate entre ceux qui veulent retourner au pays et ceux qui veulent poursuivre la guerre. "La décision qui est prise par les autorités russes est de demander aux unités qui sont fidèles au gouvernement provisoire de réprimer la mutinerie qui est en train de naître", décrit Frédéric Guelton. Aidé par l’armée française, le commandement russe passe donc à l’action le 16 septembre. Après plusieurs jours de bombardements, les mutins finissent par se rendre. Le bilan officiel est de neuf morts et une trentaine de blessés.

    Après cet épisode, les meneurs sont jugés et emprisonnés sur l’île d’Aix en Charente-Maritime. Pour les autres, plusieurs choix s'offrent à eux : continuer à se battre ou devenir travailleur militaire à l’arrière en France ou sur le sol algérien, alors département français. Pour ceux qui décident de garder l’uniforme, environ 400 soldats, une légion russe de volontaires voit le jour au sein de l’armée française.

    Au cours de l’année 1918, ces Slaves s’illustrent dans les combats de la Somme, du Soissonais ou du Chemin des Dames. Selon Frédéric Guelton, ils font preuve d’une bravoure qui fait l’admiration des Français et qui leur vaut un surnom : "Ils vont être appelés la légion d’honneur russe car on leur a donné beaucoup de décorations. J’ai lu des témoignages de certains d’entre eux qui disaient ‘On a décidé d’aller jusqu’au bout. L’issue est la mort. Au moins, mourrons bien !’". À la fin du conflit, la France et la Russie passent un nouvel accord sur le rapatriement des soldats et des travailleurs russes vers leur pays d’origine : "Le principe était que la France ne renverrait personne contre son gré et que pour ceux qui voulaient rentrer, elle s’occuperait du transport". Entre 1919 et 1920, la très grande majorité d’entre eux décident ainsi de faire le voyage retour.

     

     

    "Souvenez-vous de nous, vos amis russes"

    Un siècle après l’arrivée des brigades russes en terre de France sous les acclamations des Marseillais, les commémorations vont se faire beaucoup plus discrètes. Aucune grande cérémonie n’est prévue pour leur rendre hommage. Pour Frédéric Guelton, ce silence s’explique par les tensions actuelles entre la France et la Russie depuis la crise ukrainienne. "La politique rejoint à tort l’Histoire. Je pense que s’il n’y avait pas eu les événements en Ukraine, on en reparlerait beaucoup plus", regrette l'historien. "Ces Russes sont quand même morts sur le sol français et en se battant sous le drapeau tricolore."

    Environ 8 000 Russes décédés au cours de la Première Guerre mondiale, des soldats mais aussi des prisonniers de l’armée allemande, sont en effet enterrés dans l’Hexagone. Plus de 900 d’entre eux reposent dans la petite nécropole de Saint-Hilaire-le-Grand, dans la Marne. Chaque année, le dimanche de Pentecôte, c’est ici qu’un rassemblement a lieu en leur mémoire. Une inscription gravée sur l’un des monuments nous appelle à ne pas les oublier :

     

    "Enfants de France ! Quand l'ennemi sera vaincu et que vous pourrez librement cueillir des fleurs sur ces champs, souvenez-vous de nous, vos amis russes, et apportez-nous des fleurs".!!

     

     http://www.france24.com/fr/20160416-grande-guerre-arrivee-corps-expeditionnaire-russe-france-brigade-mutinerie-bolchevique

     

    Première publication : 16/04/2016

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