• Treize années à la cour de Russie. Pierre GILLIARD

     

     

     

     

     

    Cet article a pour but de présenter la manière dont Pierre Gilliard, suisse ayant servi en tant que professeur de français auprès des enfants du Tsar Nicolas II et de la Tsarine Alexandra Feodorovna durant 13 ans, décrit les enfants impériaux. Ces textes proviennent de l'ouvrage

      

     

     

     Alexei with Pierre Gilliard (playing with Alexei's dog Joy) and

    Dr. V. Derevenko.

     

     

     

     


     

     Happy 115th birthday, Grand Duchess Olga Nicholaevna of Russia!


    Ses notes sur Olga Nicolaïevna. Pages 96 et 97. 
     

     

    L'aînée, Olga Nicolaïevna, faisait preuve d'une intelligence très vive ; elle avait beaucoup de raisonnement en même temps que de spontanéité, une grande indépendance d'allure et des reparties promptes et amusantes. Elle me donna tout d'abord un peu de peine ; mais à nos escarmouches du début succédèrent des rapports empreints de la plus franche cordialité.

     

      

     
    Olga with the French tutor, Pierre Gilliard.
     

    Elle saisissait toute avec une extrême rapidité et savait donner un tour original à ce qu'elle avait compris.

      

    Je me rappelle entre autres que, dans l'une de nos premières leçons de grammaire où je lui expliquais le mécanisme des verbes et l'emploi des auxiliaires, elle m'interrompit tout à coup en s'écriant :

    " Oh ! Monsieur, j'ai bien compris ! Les auxiliaires, ce sont les domestiques des verbes ; il n'y a que ce pauvre verbe "avoir" qui doit se servir lui-même...

      

    " Elle lisait beaucoup en dehors des leçons. Lorsqu'elle fut plus âgée, chaque fois que je lui remettait un ouvrage, j'avais la précaution -alléguant la difficulté du texte ou le peut d'intérêt qu'il présentait – d'indiquer en marge par annotations les passages ou les chapitres qu'elle devait de côté et dont je lui donnais un cours résumé. " 
     

     


    OTMAA par Pierre Gilliard 

     

    Ses notes sur Tatiana Nicolaïevna. Page 98.
     
    Tatiana Nicolaïevna, nature plutôt réservée, très bien équilibrée, avait de la volonté mais moins d'ouverture et de spontanéité que sa sœur aînée.
      
    Elle n'était pas aussi bien douée, mais elle rachetait cette infériorité par plus d'esprit de suite et d'égalité de caractère.
     
    Elle était fort jolie, sans avoir toutefois le charme d'Olga Nicolaïevna.
      
    Si tant est que l'impératrice fit une différence entre ses filles, Tatiana Nicolaïevna était sa préférée. Ce n'est pas que ses sœurs aimassent moins leur mère, mais Tatiana Nicolaïevna savait l'entourer de soins plus assidus et ne se laissait jamais aller à un mouvement d'humeur.
     
    Par sa beauté et le don qu'elle avait de s'imposer, elle éclipsait en public sa sœur aînée qui, moins attentive à sa personne, paraissait effacée.
      
    Cependant, ces deux sœurs s'aimaient tendrement ; il n'y avait qu'un an et demi de différence entre elles, ce qui les rapprochait naturellement. On les appelait "les grandes", tandis qu'on avait continué d'appeler Maria Nicolaïevna et Anastasia Nicolaïevna "les petites". "
     
     
     
    OTMAA par Pierre Gilliard 
     
      
      
    Ses notes sur Maria Nicolaïevna. Page 98.
     
    C'était une belle fille que Maria Nicolaïevna, grande pour son âge, éclatante de couleurs et de santé ; elle avait de grands et magnifiques yeux gris.
      
    De goûts très simples, pleine de cœur, elle était la complaisance même ; ses sœurs en abusaient peut-être un peu et l'appelaient "le bon gros toutou".
      
    Elle en avait tout le dévouement bénévole et un peu pataud. "

     
    OTMAA par Pierre Gilliard 
     

    Ses notes sur Anastasia Nicolaïevna. Pages 98 et 99.
     
    Anastasia Nicolaïevna, au contraire, était très espiègle et assez fine mouche.
      
    Elle saississait prestement le ridicule, et l'on résistait mal à ses saillies. Elle était un peu enfant terrible, défaut qui se corrigea avec l'âge.
      
    Fort paresseuse, mais d'une paresse d'enfant très douée, elle avait en français une excellente prononciation et jouait de petites scènes de comédie avec un véritable talent.
     
     
      
      
      
      
    Elle était si gaie et déridait si bien les fronts les plus morosses que plusieurs personnes de l'entourage avaient pris l'habitude de l'appeler "Sunshine", en souvenir du surnom qu'on avait autrefois donné à sa mère à la cour d'Angleterre. "
     

     
    OTMAA par Pierre Gilliard
     
      
      
      
      
      
    Ses notes sur Alexeï Nicolaïevitch. Page 95.
     
    Alexis Nicolaïevitch était le centre de cette famille si étroitement unie, c'était sur lui que se concentraient toutes les affections, tous les espoirs.
      
    Ses sœurs l'adoraient et il était toute la joie de ses parents.
     
    Quand il se portait bien, le palais en était en quelque sorte métamorphosé ; c'était comme un rayon de soleil qui éclairait choses et gens.
      
    Doué des plus heureuses dispositions naturelles, il se serait développé d'une façon tout à fait harmonieuse s'il n'avait été retardé par son infirmité.
      
    Chacune de ses crises exigeait des semaines, parfois des mois, de ménagement, et quand l'hémorragie avait été abondante il en résultait une anémie générale qui lui interdisait, pour une période souvent fort longue, tout travail intensif.
      
    On ne pouvait donc mettre à profit que les répits que lui laissait la maladie, ce qui, malgré sa vive intelligence, rendait son instruction fort malaisée. "

     
     
     
     
     
     
     OTMAA par Pierre Gilliard

     

    Note personnelle :

    J'ai lu ce livre, il m'a boulversée.

    Pierre Gilliard, conteur de premier choix, explique en détail cette période qui l'a propulsé en Russie,

    auprès des Souverains Impériaux, avec une vive émotion, et la vie quotidienne avec les Enfants...

    Il narre la fin, la tourmante, le massacre par les rouges, de

    cette Famille très unie..

     

     

    Treize années à la cour de Russie

     

    Editions : Payot
     

    "En août 1920, après trois ans de séjour en Sibérie, je pus enfin rentrer en Europe. Une réhabilitation de la personnalité morale des souverains russes s'imposait.

     

    C'est le drame de toute une vie que je vais essayer de décrire, tel que je l'ai tout d'abord pressenti sous les dehors d'une cour fastueuse, tel qu'il m'est ensuite apparu pendant notre captivité, alors que les circonstances me permettaient de pénétrer dans l'intimité des monarques."

    Arrivé en Russie en pleine révolution de 1905 et reparti en pleine guerre civile, le Suisse Pierre Gilliard (1879-1962) partagea durant plusieurs années le quotidien de Nicolas II, de son épouse Alexandra, de leurs quatre filles et de leur fils hémophile, dont il devint officiellement le précepteur en 1913.

    Ce fin observateur qui photographiait volontiers la famille impériale et développa une pédagogie originale avec le tsarévitch Alexis n'en déplorait pas moins les erreurs de l'autocratie et l'influence de Raspoutine, mais il redoutait que la chute du tsarisme ne précipite le pays dans une sanglante anarchie.

    La tourmente de l'histoire renforça les liens de Gilliard avec les Romanov, et c'est volontairement qu'il partagea leur captivité à Tsarskoïe Selo puis Tobolsk.

    Séparé d'eux moins d'un mois avant leur exécution, il eut bien du mal à regagner la Suisse avec la gouvernante des filles du tsar, Alexandra Tegleva, qu'il épousa.

     

    SOURCES

    D.R.

     

     http://dona.ek.la/pierre-gillard-precepteur-des-enfants-romanov-c18256870

     

     

    Grand Duchesses Anastasia and Maria with their tutor Pierre Gilliard in Livadia.
    Originally balck and white  

      

      

      

     

     

     

      
     
     
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